Les clés d’une bonne signalisation de chantier

Chaque année, on dénombre des centaines d’accidents aux abords des chantiers. Des accidents qui impliquent les professionnels de ces chantiers, mais aussi les usagers évoluant à proximité. Pour cause, un chantier peut représenter une gêne pour la circulation, donc un danger potentiel. La signalisation temporaire a pour objet d’avertir et de guider afin d’assurer la sécurité des usagers et des agents intervenant sur le chantier, tout en favorisant la fluidité de la circulation.

Dans cet article, nous vous donnons les clés d’une signalisation efficace, gage de sécurité.


Quels chantiers sont concernés par la signalisation ?

Illustration signalisation de chantier

Un chantier, qu’est ce que c’est ?

Partons du point de départ. On appelle communément un chantier tout ensemble de personnels, engins spécifiques et matériaux temporairement rassemblés en un endroit donné en vue d’effectuer des travaux. Celui-ci change la configuration des lieux, ses accès et dans certains cas la circulation des piétons et des véhicules.
Si la loi encadre la signalisation temporaire des chantiers, les obligations dépendent du lieu du chantier :

  • Les chantiers sur terrain privé : Si l’ensemble du chantier se trouve sur terrain privé, seule la responsabilité de l’intervenant pourra être retenue en cas d’incident. Il doit donc prendre les précautions nécessaires et se charger du balisage et du port des EPI, pour lui et pour toutes les personnes circulant sur le chantier.
  • Les chantiers sur la voie publique : Dès lors qu’une partie du chantier se trouve sur la voie publique, la règlementation relative aux accès, aux protections des personnes et à la signalisation routière s’applique.

Obligations légales

Comme nous venons de le voir, un chantier qui modifie temporairement les accès et la circulation des personnes et des véhicules sur un espace public doit respecter la réglementation concernant la signalisation. Celle-ci est stricte et décrite dans des arrêtés interministériels publiés au Journal Officiel. Le Code Général des collectivités publiques, le Code de la Route et le Code du Travail interviennent également.

Le cas où un défaut de signalisation venait à provoquer un accident, la responsabilité pénale de l’entreprise responsable du chantier pourrait être engagée.

Une signalisation de chantier est réglementaire lorsqu’elle :

  • Avertit et informe les usagers que la configuration des lieux a temporairement changé
  • Guide les piétons et les véhicules
  • Modifie les comportements des personnes (accès, cheminement piéton…) et des véhicules (vitesse, largeur de voie, déviation…)

Par ailleurs, mettre en place une signalisation temporaire requiert une autorisation préalable, ainsi qu’un arrêté de circulation. Selon le type de voie, c’est le Maire, le Conseil Général ou la Préfecture qui le délivre. Il faut ensuite l’afficher aux entrées du chantier.


Bien signaler vos chantiers : 4 grandes règles

Panneau attention chantier

Règle n°1 : Adaptation à l’environnement

Une signalisation optimale doit s’adapter :

  • Au type de voirie (voie unique, voie à double sens, voie communale, route départementale, route nationale…)
  • Au trafic (densité de véhicules et piétons empruntant la zone…)
  • A la configuration de la voie (largeur, présence d’obstacles, visibilité de la zone…)

Pour vous aider à cerner les besoins signalétiques, anticipez le chantier et posez vous les questions suivantes :

  • Interviendrez-vous sur la voie publique ? En ville ? A la campagne ?
  • Interviendrez-vous en bordure de chaussée, légèrement sur la route ou complètement sur la voie ?
  • Allez-vous devoir neutraliser une voie ?
  • S’agit-il d’une route à double-sens ? à chaussées séparées ?
  • Sera-t-il nécessaire de mettre en place une circulation alternée ?
  • Votre chantier sera-t-il mobile ?
  • Allez-vous intervenir de nuit ?

Et toute autre question qui pourrait vous aider à anticiper les dangers engendrés par le chantier.

Règle n°2 : Cohérence de la signalisation

La signalisation temporaire ne doit pas entrer en contradiction avec la signalisation en place. Si nécessaire, le marquage au sol doit être retracé en jaune. De même, il convient de masquer les panneaux permanents s’ils ne correspondent pas aux modifications engendrées par le chantier. N’hésitez pas à faire valider le dispositif par votre hiérarchie.

Règle n°3 : Crédibilité des indications

La signalisation doit être crédible et exhaustive, et doit permettre à l’usager de comprendre précisément la situation qu’il va rencontrer. Pour que celui-ci respecte la signalisation temporaire, qui chamboule ses habitudes, il est nécessaire de :

  • Pouvoir justifier les prescriptions imposées
  • Mettre à jour la signalisation avec l’avancée du chantier
  • Installer les prescriptions de fin de chantier

Règle n°4 : Lisibilité des consignes

Pour que l’usager assimile la signalisation, celle-ci doit répondre à trois critères :

  • Premièrement, elle est implantée judicieusement (bonne hauteur, sans entrave visuelle)
  • Elle ne doit pas noyer l’usager sous les indications (pas plus de deux indications de type « panneau » au même endroit)
  • Et bien sûr, elle est propre, en bon état, et conforme aux normes concernant les différents types de signalisations

Les différents types de signalisation

Panneaux de signalisation d'approche

La signalisation de chantier : classification

Selon son implantation, il existe trois grands types de signalisation :

1. La signalisation d’approche

Ce type de signalisation consiste à avertir les véhicules et les piétons qu’ils vont arriver sur une zone en chantier. Située entre 300m et 100m avant la zone de chantier pour les véhicules, et entre 50m et 30m du chantier pour les piétons, des panneaux se succèdent et indiquent que les usagers vont rencontrer une zone de travaux, que la voirie et/ou la circulation sur le trottoir vont être modifiées et la vitesse également. Le cas échéant, elle indique qu’ils devront emprunter une zone balisée. A ces panneaux peuvent s’ajouter des panneaux précisant les risques (graviers, perte de contrôle…).

La signalisation d’approche se fait au moyen de panneaux de danger (panneaux triangulaires de type AK), de panneaux de prescription (panneaux circulaires de type B) et de panneaux d’indication (panneaux rectangulaires de type KC et KD).

La signalisation de position

2. La signalisation de position

Ce deuxième type de signalisation délimite le danger et dirige les usagers vers la nouvelle trajectoire temporaire.

Elle se fait au moyen de cônes de signalisation, de piquets, de rubans, et de barrières. Ils doivent présenter des caractéristiques de fluorescence et de rétro réflexion de classe 1 au minimum.

Si la trajectoire initiale est modifiée, il convient de tracer le nouveau parcours en jaune. Un balisage spécifique doit être mis en place pour les piétons, et la voie de circulation et le parcours de ces derniers doivent être séparés par des séparateurs. Quoiqu’il en soit, leur itinéraire doit être sécurisé. Des passerelles de chantier ou des ponts piétons peuvent être utilisées le cas échéant.

3. La signalisation de fin de prescription

Enfin, la signalisation de fin de prescription permet d’avertir que la zone de danger est terminée. Elle indique la fin des prescriptions imposées par la signalisation d’approche. Elle s’effectue au moyen de panneaux circulaires de type B.

4. Cas particulier : la signalisation de nuit

Quid d’un chantier qui reste en place la nuit ? Qu’il soit en activité ou non, il est obligatoire de mettre en place une signalisation spécifique pour le rendre visible la nuit, même s’il y a un éclairage public.

  • La signalisation d’approche et la signalisation de position doivent être associées à des avertissements lumineux, clignotants la plupart du temps.
  • L’ensemble des panneaux doivent être réfléchissants.
Les vêtements haute-visibilité

La signalisation des Hommes

Toute personne travaillant sur un chantier où interviennent des engins ou des véhicules doit impérativement être équipée de vêtements spécifiques haute-visibilité, afin d’être constamment visible et signalée, dans toutes les conditions de luminosité, tant par les usagers que par les conducteurs d’engins sur le chantier.

Ces EPI doivent être marqués CE et doivent être conformes à la norme européenne ISO 20471. Celle-ci spécifie les caractéristiques que doivent respecter les vêtements de signalisation haute-visibilité à usage professionnel. Elle remplace la norme EN 471 depuis octobre 2013.

Quelle classe pour mes vêtements haute-visibilité ?

La norme ISO 20471 distingue 3 classes de vêtements en fonction de leur niveau de visibilité. La classe du vêtement dépend de la surface de tissu fluorescent et rétroréfléchissant utilisée :

ClasseNiveau de visibilitéEPIUtilisation
1FaibleBaudrierNon adapté pour travailler sur le réseau routier
2IntermédiairePolo, chasuble, giletAdapté sur le réseau routier, pour une vitesse maximale de 50 km/h 
3ÉlevéParka, pantalon et veste, blouson à manches longuesAdapté sur tout type de réseau routier. Adapté pour le travail de nuit. 

Quelle couleur pour mes vêtements haute-visibilité ?

En ce qui concerne la couleur des vêtements, il convient de respecter les consignes suivantes :

  • Le jaune fluo doit être utilisé en espace urbain 
  • Le orange fluo doit être utilisé en espace extra urbain
  • Le rouge fluo est réservé aux grands chantier de terrassement et voies ferrées. 

Le choix des vêtements doit être adapté aux conditions de réalisation des travaux, à la saison et aux risques encourus. Et si l’on pense EPI de haute-visibilité, attention à ne pas oublier les autres EPI, à savoir le casque, les chaussures de sécurité, le casque antibruit ou encore les gants.


Vous l’aurez compris, ​le rôle de la signalisation temporaire de chantier, qu’il soit sur terrain public ou privé, est d’avertir l’usager qu’il y a danger et de le guider. Elle est donc primordiale, ne doit pas être prise à la légère et doit respecter des principes fondamentaux guidés par la réglementation en vigueur. De la signalisation du chantier en lui-même à la signalisation des Hommes qui s’y trouvent, il s’agit d’un gage de sécurité indéniable.