Froid et BTP : Nos conseils pour rester au chaud sur vos chantiers

L’hiver, déjà bien installé en France, est long et parfois rude. Froid, neige, grêle ou pluie sont autant de conditions climatiques difficiles qui mettent les travailleurs à l’épreuve et les exposent à des effets sur leur santé. Pour faire face au risque froid sur les chantiers et se protéger de ses effets, des mesures doivent être prises. Mais concrètement, comment procéder ?


Quels effets sur la santé ?

Crédit photo : Hush Naidoo

Selon l’Institut National de Recherche et de Sécurité (INRS), la vigilance est de mise dès lors qu’il fait moins de 5°c. Des températures très basses peuvent en effet être délétères pour ceux qui s’y exposent.

Le corps humain fonctionne de manière optimale lorsque sa température est de 37°C environ. En dessous de 35 °C, vous explosez votre corps aux risques suivants :

  • L’hypothermie. A un stade avancé, elle peut provoquer des troubles neurologiques et cardiaques, un coma, un trouble de la conscience ou même le décès.
  • Les engelures (particulièrement aux doigts et aux pieds. Elles peuvent entrainer des nécroses).
  • Des problèmes aux bronches.
  • Le Syndrome de Raynaud (trouble vasculaire qui se caractérise par une vasoconstriction des vaisseaux des extrémités).
  • Une fatigue accentuée et une perte de dextérité.
  • Des malaises et/ ou de la fièvre.
  • Des troubles musculosquelettiques.

Cette mise en garde n’est pas à prendre à légère selon le Dr Marie-France Vaillant, médecin du travail. En effet, Elle explique même qu’une température de -5°C avec 45km/h de vent peut produire le même refroidissement corporel qu’une température de -15°C sans vent.


Droit du travail : que dit la loi ?

Crédit photo : OPPBTP

Le Code du Travail ne prévoit pas de température minimum pour travailler en extérieur. En effet, Si la loi ne définit pas précisément le terme “froid”, l’INRS estime que la vigilance s’impose en dessous de 5°, d’autant plus que l’intensité du froid ressenti est accentuée par le vent et l’humidité.

Il n’existe pas, dans le Code du Travail, de réglementation précise sur le froid, mais des obligations pour l’employeur en général. Il est en effet clairement établi que tout employeur est responsable de la sécurité de ses salariés. Celui-ci doit donc prendre les mesures nécessaires pour garantir leur santé physique et mentale, qu’elles soient de prévention ou de protection contre les risques professionnels. Les risques liés aux ambiances thermiques, donc nécessairement la situation de grand froid, en font partie.

En sus, La loi prévoit que des dispositions doivent prises avec avis du médecin du travail et du CHSCT ou, à défaut, des délégués du personnel. L’article R4223-15 du Code du travail indique, lui, que l’employeur doit prendre “toutes les dispositions nécessaires pour assurer la protection des travailleurs contre le froid et les intempéries”. Cela passe par l’aménagement du travail à l’extérieur pour protéger les travailleurs contre les conditions atmosphériques (article R4225-1), et la mise en place de locaux chauffés pendant la saison froide (R4223-13).


Concrètement, comment se protéger individuellement du froid sur les chantiers?

En période de froid, mieux vaut anticiper et vous préparer à affronter les basses températures sur les chantiers. Pour cela, des solutions existent. Nous vous livrons nos conseils.

Conseil n°1 : Superposer les couches de vêtements

Rien ne sert de vouloir lutter contre le froid sur les chantiers si vous n’êtes pas habillé en conséquence. Les fabricants de vêtements de travail et d’EPI ont redoublé d’efforts ces dernières années pour proposer des gammes spécialement conçues pour lutter efficacement contre le froid, vous protéger des intempéries et supporter le travail en extérieur par temps froid, sans nuire aux exigences requises par la tâche à effectuer.

La superposition des couches est la clé pour faire face au froid, à condition de respecter une suite logique de couches, adaptée aux conditions climatiques. L’air qui circule entre les différentes couches sert de bouclier thermique.

➜ 1ère couche : 1 vêtement respirant

C’est la couche de base. Votre seconde peau. En polyester de préférence, cette couche doit permettre d’évacuer l’humidité naturelle du corps, de sécher rapidement pour ne pas attraper froid sur les chantier. Elle doit être ajustée voire très près du corps.

Le saviez-vous ? L’eau évacue la chaleur du corps 25 fois plus rapidement que l’air sec. D’où, l’importance d’être protégé de l’humidité avant de penser à d’ajouter d’autres épaisseurs.

2ème couche : 1 vêtement isolant

Cette couche intermédiaire doit pouvoir emprisonner l’air et garder la chaleur naturelle du corps. Les matières possédant une grande capacité de ventilation sont une excellente seconde couche.

3ème couche : 1 vêtement imperméable

C’est la couche de protection. Elle a un rôle de barrière contre les éléments naturels : vent, pluie, neige. Choisissez donc une veste ou une parka de pluie à la fois imperméable et respirante.

Conseil n°2 : Protégez vos extrémités

Les extrémités sont très sensibles au froid et se réchauffent difficilement. C’est d’ailleurs de la tête, des mains et des pieds que la déperdition de chaleur est la plus importante. Il est donc primordial de ne pas les négliger et de les protéger.

➜ Le bonnet

La tête est 5 fois plus sensible au changement de température, en particulier avec le froid. De plus, 30% de la température corporelle s’évacue par la tête. Le bonnet est donc indispensable. Privilégiez-le en laine ou en coton acrylique.

Le tour de cou

L’écharpe étant à proscrire pour éviter tout risque d’étranglement ou de happage, optez pour un tour de cou.

➜ Les gants

Pour protéger vos mains, prévoyez des gants d’hiver ou des mitaines en laine, polaire ou cuir selon votre métier. Ayez toujours une paire de gants de rechange. L’humidité est l’ennemie de la chaleur. Au cours de la journée, changez-les régulièrement pour être toujours au sec !

➜ Les chaussettes

Choisissez de bonnes chaussettes en polyester (respirant), à porter seules ou avec une deuxième paire en laine (isolant) en cas de grand froid. Le + de la laine ? elle tient très chaud et n’a pas besoin d’être lavée aussi souvent car elle ne dégage pas d’odeur. Evitez le 100% coton qui a tendance à s’humidifier rapidement, et les chaussettes trop serrées ne facilitant pas la circulation sanguine. Ayez toujours une paire de chaussettes de rechange.

Les chaussures

Enfin, optez pour une bonne paire de chaussures de sécurité imperméable, si possible en cuir, montantes et rembourrées. Si leur semelle est isolante du froid, c’est encore mieux !

La Winterbox Promo Alaska de Safety Jogger et le Kit froid de Portwest sont les armes idéales contre le froid sur les chantiers. Deux kit 5 en 1 pour rester au chaud cet hiver !

Conseil n°3 : Vérifiez les normes de sécurité de vos EPI et vêtements et privilégiez des tissus techniques et performants

Deux normes essentielles sont à retenir : La norme EN 342, qui assure une résistance thermique, évaporative et de perméabilité à l’air pour des températures inférieures à -5°C, et la norme EN 343, qui garantit une protection contre les intempéries, le vent et le froid jusqu’à 5°C.

Quant aux matériaux à privilégier, proscrivez le coton et privilégiez des tissus techniques. De plus en plus, les matières utilisées pour fabriquer vos vêtements de travail sont empruntées au secteur du sport, de l’armée ou des activités de haute montagne. Ils possèdent ainsi d’excellentes propriétés thermiques et d’imperméabilité grâce à des fibres et tissus innovants.

Le Gore-Tex   Le polyester-coton   Le FHB Protect   Le Coolmax   Le Softshell   Le Rip-stop

Conseil n°4 : évitez le café, le tabac et l’alcool

Selon des études très sérieuses, la caféine bloque les récepteurs des vaisseaux sanguins et empêche la vasoconstriction. En d’autres termes, vous aurez froid plus rapidement ! Privilégiez donc le thé, le chocolat chaud ou encore la soupe.

De même, l’alcool, la cigarette ou le tabac sont à bannir. Ils déshydratent, donnent une fausse sensation de chaleur, provoquent un état d’ébriété et rétrécissent eux aussi les vaisseaux sanguins.

Conseil n°5 : Munissez-vous de genouillères

Si vous êtes amenés à travailler à genoux, mettez des genouillères. D’une pierre deux coups, elles vous protégeront des frottements et du sol froid et humide des chantiers.

Conseil n°6 : Le poivre, une astuce de grand-mère

Une technique surprenante qui revient fréquemment lorsque l’on demande aux montagnards comment ils se protègent du froid : le poivre noir. Glissé dans vos chaussettes, il aurait des vertus contre le froid. Le meilleur moyen de le vérifier, c’est d’essayer !

Conseil n°7 : Surveillez votre alimentation

Nourrissez-vous d’aliments riches en sucres lents tels que le pain complet, le riz ou les pâtes. Ils vous permettront d’assimiler plus aisément les efforts de longue durée.

Conseil n°8 : Bougez régulièrement

Mobilisez régulièrement votre corps et vos extrémités (mains, pieds) pour favoriser la circulation du sang et éviter les sensations d’engourdissement. L’usage de chaufferettes peut être utile s’il fait très froid.


Adaptation du chantier et mesures collectives

Crédit photo : Giu Vincente

Nous l’évoquions plus haut, l’article R4223-15 du Code du travail stipule que l’employeur doit prendre “toutes les dispositions nécessaires pour assurer la protection des travailleurs contre le froid et les intempéries”. Concrètement, quelles mesures peuvent être prises ?

Optimiser l’organisation du travail en extérieur

Pour limiter les expositions prolongées au froid, il est recommandé de :

  • Planifier les tâches extérieures en tenant compte des prévisions météorologiques. Attention, certains facteurs comme le vent ou l’humidité accentuent la sensation de froid. C’est pourquoi les météorologues parlent de température ressentie.
  • Organiser des rotations régulières des postes de travail. Les tâches sédentaires ne doivent pas être effectuées par la même personne pendant trop longtemps par temps froid.
  • Limiter le temps de travail en extérieur.
  • Limiter le port de charges lourdes et les efforts trop intenses dans le froid.
  • Aménager des pauses régulières et mettre en place des temps de récupération supplémentaires.

Aménager les postes de travail

Un guide national de prévention et de gestion des impacts liés aux vagues de froid a été élaboré par les pouvoirs publics. Il recommande notamment aux entreprises du BTP d’aménager les postes de travail sur les chantiers pour les adapter aux conditions hivernales, diminuer la pénibilité des tâches, améliorer les conditions de travail des salariés et booster leur productivité.

  • Installer des abris chauffés et des chauffages localisés.
  • Mettre à disposition des salariés un espace de détente chauffé, des boissons chaudes, des espaces pour sécher les vêtements et stocker des vêtements de rechange.
  • Prévoir des aides à la manutention manuelle pour réduire la charge physique de travail.
  • Protéger les sols pour éviter le risque de glissade et donc d’accidents du travail. Le sel permet de réduire le verglas et le sable améliore la résistance du sol et sa réverbération.

Le chômage intempéries en dernier recours

Crédit photo : Tyler Rutherford

Lorsque le froid est tel qu’il devient impossible de travailler sur les chantiers, la dernière solution reste l’arrêt temporaire de l’activité. L’employeur devra alors, après avoir consulté le représentant du personnel ou à défaut les salariés, placer les salariés en “chômage intempéries”, présenté dans l’article L5424-6 du Code du Travail. Un hiver trop rude peut avoir de graves conséquences économiques pour le BTP. Notez que certains secteurs du BTP sont contraints, malgré eux, d’arrêter les chantiers en cours pour cause de grand froid. On les appelle les chantiers « noirs ». C’est par exemple le cas des travaux qui concernent l’enrobage, le béton, les enduits et les peintures.  Les chantiers « blancs » sont tous les autres secteurs d’activité qui ne sont pas concernés par des contraintes liées aux matériaux.


Travailler par grand froid, ça ne s’improvise pas. Des solutions individuelles et collectives existent pour protéger sa santé. Cependant, le danger ne peut être évité si ceux qui sont exposés n’en ont pas été avisés, même avec les meilleures précautions. Il est donc primordial pour tout employeur d’informer ses salariés et de les sensibiliser au risque froid.